Les Brigittines

En juillet 1967, une sculpture en marbre représentant une tête de taureau – datée environ de 360 av. J.-C. et mesurant quelques 33 cm de haut – a été découverte dans le temple d’Eshmun à Saïda, au Liban. À l’époque, quatre photographies de la sculpture avaient été prises pour l’inventaire de la fouille. Pillée et disparue pendant les années de guerre civile, la sculpture est soudainement réapparue dans le courant du mois de juillet 2017 – exactement cinquante ans après avoir été découverte – dans les galeries grecques et romaines du Metropolitan Museum of Art de New York. Dès le lendemain, une procédure judiciaire a été ouverte pour demander sa restitution. Partant de cette histoire, des transcriptions du procès ainsi que d’une série d’interviews de témoins clés, The Return voyage dans l’espace de ces cinquante années et dans les relations troubles qui existent entre antiquités et identités nationales. Rayyane Tabet évolue dans un espace scénique à mi-chemin entre un tribunal et un théâtre anatomique, dans lequel nous sommes à la fois jury et spectateur·ices. À partir des éléments connus de l’affaire et avec une extrême lucidité, il s’approche lentement des années noires qui sont au cœur de ce récit. Pour Tabet – né au Liban en 1983 et vivant actuellement entre Beyrouth et San Francisco – il s’agit d’une manière de soulever les questions de la traçabilité et de la protection de l’héritage du passé, pour un État qui ne protège pas son présent.