La chapelle et son histoire

Le prénom Brigitte est d’origine celtique et signifiait « haute, forte, puissante ». Le nom «Les Brigittines» provient de Brigitte de Suède qui, née à Finstad, près d’Uppsala, était la fille du gouverneur de la région d’Uppland. Brigitte de Suède, à son veuvage, fonda un nouvel ordre religieux, masculin et féminin, du Saint-Sauveur. Elle est protectrice des voyageurs. Dans l’iconographie, elle porte parfois la croix des Filles de Brigitte (ou « brigittines »).
En 1623, l’archiduchesse Isabelle accorda à l’ordre de Brigitte de s’établir à Bruxelles. La confrérie des Brigittines, originaire de Termonde, acheta en 1637 une propriété située à l’endroit de l’actuelle rue des Brigittines (qui porte encore leur nom).
En 1663, elle fit construire un couvent avec une chapelle. La chapelle, « rare bâtiment mono-nef », fut conçue par l’architecte Léon Van Heil dans le style Renaissance italo-flamand.
Lors du bombardement de 1695, qui réduisit en cendre la plus grande partie des Bruxelles, le bâtiment fut peu endommagé. Joseph II mit cependant fin en 1784 à la vocation religieuse de l’édifice.

Désaffectée comme monument religieux, de 1783 à 1920, la Chapelle des Brigittines fut utilisée comme école (1783), Mont-de-piété (1789), entrepôt pour livres provenant de monastères (1789), avant de servir de prison (1792), de pharmacie militaire (1796), d’arsenal, d’hospice, d’entrepôt de bière et de bois (1798), de marché couvert (1830), de salle de bal (1850) et enfin d’entrepôt pour un éditeur.
En 1920, la Chapelle fut mise en vente publique. La Ville de Bruxelles l’acquit deux ans plus tard et par une restauration heureuse, la sauva de près de deux siècles de déboires et d’affectations diverses. Sa façade fut classée en 1936. L’ensemble du bâtiment le fut, quant à lui, en 1953.
Dès 1975, et après avoir commandé une nouvelle restauration de l’ensemble du bâtiment, la Ville de Bruxelles et l’Echevinat des Beaux-Arts et de la Culture continuaient leur soutien à la création dans le domaine des arts de la scène. Le premier spectacle de danse joué à la Chapelle, en 1975, fut « 23 Skidoo » (Frédéric Flamand). En 1982, de nouveaux travaux d’aménagement furent entrepris. Dans le courant de juin de la même année, l’espace de la Chapelle fut mis à la disposition des jeunes compagnies. Le Festival Bellone-Brigittines, festival à thème, vit le jour en 1982.
Dès 1992, la Chapelle des Brigittines peaufina sa volonté d’accompagnement et de participation à l’émergence d’expressions nouvelles tant à un niveau national qu’international. La Chapelle fut gérée par l’asbl Bellone Brigittines qui, à partir de mai 1997, veilla à l’accomplissement de ces missions.

En 1999, Les Brigittines furent reconnues comme « Centre d’Art contemporain du Mouvement et de la Voix de la Ville de Bruxelles ».
Afin de parfaire les missions artistiques de la Chapelle des Brigittines et de lui permettre de renforcer ses liens avec le quartier et les associations culturelles environnantes, la Ville de Bruxelles prit la décision d’élargir l’infrastructure et de lui construire une extension. Un bâtiment neuf se devait d’apporter un meilleur accueil, un meilleur environnement aux artistes et au public. La Ville lança alors un concours d’architecture qui fut remporté par l’architecte italien Andrea Bruno qui porta le projet en collaboration avec les belges de Sum Project (anciennement Groep Planning). Le chantier débuta le 9 mai 2005. L’extension fut ouverte au public le 20 août 2007.

Andrea Bruno décida de cloner la chapelle, d’utiliser le même gabarit et les mêmes volumes pour ajouter un élément contemporain. Un volume identique à celui de la chapelle offrait des espaces nécessaires au bon fonctionnement du Centre d’Art contemporain du Mouvement. L’ancien espace fut ainsi complétement libéré pour devenir une salle de spectacle.
Le dédoublement modifie la perception de la chapelle mais aussi la signification de l’espace qui l’entoure. L’aménagement actuel met en scène une chapelle avec son parvis, le tout formant un ensemble sacré.
L’objectif du projet d’extension était d’offrir à la Chapelle une nouvelle signification, soutenue par l’espace public l’entourant.

Les espaces limitrophes font aussi partie du projet d’aménagement. Le nouveau volume se constitue de six couches successives : le niveau en sous-sol destiné aux équipements, le foyer en double hauteur contenant une mezzanine avec les bureaux, les deux étages suivants abritant une salle de spectacle et l’espace sous les toits comprenant un espace de répétition. La circulation verticale s’opère dans une zone vitrée entres les volumes jumeaux.
En 2010, Les Brigittines dont la programmation mêlait jusque là théâtre, danse, musique et arts plastiques, se focalise désormais sur la danse et deviennent le "Centre d'Art contemporain du Mouvement de la Ville de Bruxelles".

Les Rési­dences d’artistes et le jardin des Visitandines

De l’autre côté de la Chapelle, au coin de la rue des Visitandines et de la rue Notre-Seigneur, un complexe de résidences d’artistes et un jardin a été érigé en 2009 par les architectes Ann Gilson et Bernard Gochet (Carbone 14), en collaboration avec l’architecte paysagiste Benoît Fondu. Carbonne 14 voulait en premier lieu réhabiliter une forme urbaine depuis longtemps déstructurée. La nouvelle construction possède les mêmes dimensions que la Chapelle et fut bâtie sur un terrain étroit longeant un bâtiment d’école aux façades aveugles. Elle contient six unités aux espaces modulables qui se répartissent sur trois étages (trois lofts, trois flats). A Bruxelles, du 14e au 16e siècle, on trouvait beaucoup de jardins privés à l’intérieur d’îlots, et peu de végétation dans la ville. Une multitude de jardins de type potager existaient, mais ils n’étaient pas visibles de la rue. Dans le jardin des Visitandines, il s’agissait de privilégier la convivialité, le rapport aux habitants. D’où la création, au sein de ce jardin, de zones d’expérimentation qui favorisent l’échange entre artistes et habitants.
La clôture végétale de Bob Verschueren, plantes ornementales émergeant d’une rangée de pots de fleurs en acier, forme une délimitation jardin-rue.