Car le songe s’enroule souvent sur lui-même comme une spirale, à la manière de nos rêves à double fond. Car le songe nourrit le fantasme, engage l’imaginaire et nous emporte au-delà de nous-mêmes comme une puissance susceptible de nous ouvrir tous les possibles, de l’effroi au merveilleux. S’inspirant de la réalité, il la déplace, il la décale sur un mode où il lui substitue sa logique, sa pensée, ses registres. Il suggère un moment de suspension où tout est écoute, vision, tutoiement de l’indicible.

Est-ce pour cette raison qu’il apparaît aujourd’hui comme une valeur en déshérence ? L’esprit du jour serait-il seulement à l’effet de réel, à la demande faite à la fiction de s’accorder aux faits, aux bien-pensances et aux stéréotypes à la mode ? Nous ne pouvons, nous ne voulons pas le croire.

Le songe et l’imaginaire sont nos boussoles. Rêveurs, nous serons actifs, comme les spectacles du festival nous enjoignent de l’être: le désir des artistes est de nous emmener dans un espace où le sens est ouvert, jamais à l’étroit dans les filets du rationnel. En ces temps troublés, ce n’est pas un refuge, c’est une nécessité.

Patrick Bonté
Direction générale et artistique


Visuel (c) Max Slobodda